Le Carré Bleu

feuille Internationale d'architecture

Le Cinquantenaire du Carré Bleu

Le Cinquantenaire du Carré Bleu

Lundi 8 décembre 2008 10h15-19h00 Cité de l’Architecture et du Patrimoine
Rotonde de la Bibliothèque Palais de Chaillot – Paris métro Trocadéro

Video  Le Carré Bleu 1958/2008 – Mémoire et avenir
DISK 1      DISK 2

le projet de DECLARATION DES DEVOIRS DES HOMMES
Massimo Pica Ciamarra

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LES 50 ANS DU CARRÉ BLEU Philippe Fouquey

Le Carré Bleu va fêter ses 50 ans cette année, à l’automne, à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine à Paris. La coïncidence temporelle n’est pas fortuite entre la date de la naissance de la revue en 1958, celle de la fin des CIAM et de la création du groupe des TeamX en 1959. François Rambert, directeur de l’IFA rappelle, dans le texte d’introduction à l’exposition des TeamX à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine (20/3-11/5/08), que des membres des futurs TeamX avaient la charge d’organiser le 10ème congrès des CIAM en 1956, celui de Dubrovnik, le dernier.
Il écrit: “Organiser le 10ème congrès des célèbres CIAM, les grandes messes de la modernité architecturale et urbaine initiées en 1928 par Le Corbusier, Gropius et Giedion, une opportunité fantastique pour cette jeune garde de régénérer le langage moderne”. Il ajoute:”Né dans la contestation- un esprit de rupture avec les monstres sacrés du Mouvement Moderne- ce groupe à géométrie variable jouera le rôle de poil à gratter dans une époque placée sous le signe d’une fabuleuse croissance (sic)”; et, plus loin, “Mais, pendant que les grosses agences s’échinent à produire en quantité, les TeamX, eux, remettent sans cesse sur le métier la question sociale”.
Malgré la profusion et la complexité de la pensée et de la production architecturale des TeamX dans la période qui va de 1958 à 1981, et la justesse et la richesse des prises de position critiques du CB dans une période qui commence également en 1958, on est frappé par le fait qu’on peut appliquer au CB les remarques au travers desquelles Rambert parvient à décrire certains des traits essentiels des TeamX:
* TeamX souhaite être perçu “comme du poil à gratter”. Dans ce sens, voir les n°1/87 2/90 1/92 1/93 2/94 si l’on veut d’excellents exemples d’une revue qui ne craint pas d’être dérangeante.
* “L’architecturbanisme”, néologisme TeamX, doit être abordé en premier lieu comme une question sociale. Les 161 numéros du CB déjà parus témoignent de la même préoccupation première.
* TeamX est un groupe à géométrie variable. Pour être membre du CB on peut être architecte ou urbaniste, mais aussi compositeur de musique, sociologue, simple citoyen porteur de certaines valeurs, ou même membre autoproclamé.
* L’échelle collective et son caractère non lucratif caractérise l’entreprise TeamX. Faut-il s’étonner du parallélisme des comportements de TeamX et du CB?
Non, car, croyons nous, les fondateurs du CB en 1958 à Helsinki étaient très impliqués dans la vie de CIAM d’abord, des TeamX ensuite: les Schimmerling, Blomstedt, Pietila, Petaja, Alander, jeunes, impatients, passionnés et critiques, ont déjà, dès les tout premiers numéros, orienté la revue dans une direction telle que les TeamX l’ont adoptée comme le lieu naturel de leurs épanchements. Et, très vite, les membres fondateurs, ceux des TeamX et quelques autres comme Véret, Hervé, Aujame, se sont fondus en une seule cohorte, tous membres du CB, où l’on retrouvait Candilis, De Carlo, Woods, Erskine, Josic, Polony, puis Van Eyck et Bakema. Toutes ces individualités présentes au CB dès 1958 ont été rejointes plus tard par d’autres, plus jeunes comme Tzonis, Lefaivre, de Rosa, Friedman, Pica Ciamara, Vellut, Puttemans, Larsen, Vasko, Ruusuvuori, Broner, Antonokakis, Fehn, Schein, Zevi, Emerich et d’autres encore.
Le besoin de créer cette revue d’architecture très particulière est né d’un instant particulièrement crucial de l’histoire de l’architecture, l’effondrement des CIAM, annoncée dès 1953, effectif à Otterloo en 1959, coïncidant avec l’émergence puis le triomphe de TeamX. Le CB à sa création se voulait lieu de réflexion, de remise en question; à plus forte raison lorsque très vite les TeamX l’ont rejoint. Son tirage modeste était (et est toujours) compensé par son audience internationale que l’origine très diversifiée de ses membres a, en quelque sorte, induite. Son impact, en divers lieux de l’Europe et la vocation que ses animateurs lui désignaient, de répandre toutes sortes d’informations sur l’état des recherches ou réalisations collectives ou individuelles, conduites ou non par ses membres pourvu qu’elles fussent dans le droit fil de ces principes ou de cette philosophie qui voulait que tout problème concernant l’environnement, les problèmes d’habitat -urbain ou non- d’urbanisme, de ville et d’architecture soit abordé sous l’angle du bien-être social, en faisaient d’emblée une tribune. Aujourd’hui, l’exigence éditoriale du CB, née d’un pareil héritage, et de cette longue pratique est toujours aussi forte. L’implantation internationale dont nous nous préoccupons d’augmenter l’envergure est considérée par nous comme le plus précieux terreau de nos recherches et de nos futures découvertes.
Bien des questions formulées par TeamX sont toujours sans réponse. Le curseur des urgences vitales de nos sociétés ne cesse de se déplacer, nous contraignant à une veille permanente et difficile. Les thèmes de la réflexion sur l’environnement: ils sont rémanents mais ils se diversifient ou changent de nature ou d’échelle sous l’action des modifications accélérées et imprévisibles que la mondialisation, ou globalisation, nous impose. Ils deviennent difficiles à identifier et hiérarchiser. Notre comité de rédaction est donc confronté en permanence à la nécessité de modifier les angles d’attaque des problèmes et de repérer les nouveaux venus.
Les CIAM ont disparu il y a 50 ans. TeamX, dont le mode de fonctionnement, l’efficacité et les faiblesses sont très intéressantes à analyser encore aujourd’hui, a cessé d’exister. Il n’est absolument pas interdit de s’interroger: une revue comme le CB, dont les membres sont en quelque sorte les héritiers de TeamX et constituent d’ores et déjà, comme eux, un réseau international et amical, ne peut-elle,. avec des rencontres informelles, pas se préoccuper de peser sur les prises de décisions de nos responsables en s’organisant en groupes de recherches, d’influence?